LE DORMEUR DU VAL

 

 

C'est un trou de verdure, où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine.
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille.
Il a deux trous rouges au côté droit.

 

Casella di testo: Comme souvent chez Rimbaud, la Nature apparaît ici à la fois comme splendide (cf. les couleurs, la lumière, le chant de la rivière) et comme une mère bienfaitrice (voir Le Mal). Elle est, malgré la douceur du ton du poème, violemment mise en contraste avec la folie des hommes. 
Il est peu probable que Rimbaud ait vu une scène comme celle qu'il décrit dans Le Dormeur du val. Par contre, il a pu lire, dans son Histoire de mes idées, un  passage où Quinet parle d'un soldat mort, la bouche ouverte, les bras en croix, et portant une blessure au côté droit.

Les couleurs sont très importants et il y a un fort contraste

Entre la nature e le soldat.

Il y a un coup de scène finale