LE FILM
ÉCLIPSE TOTALE est l’histoire d’un des amours les plus irrésistibles dans
la littérature mondiale. Paul Verlaine (David Thewlis) lit l’oeuvre du jeune Rimbaud
(Leonardo Di Caprio), et il en est foudroyé. Ils se rencontrent à Paris et ils
commencent une liaison dangeureuse qui amenera Verlaine à abandoner sa femme
(Romane Bohringer). Il s’agit d’une relation difficile et complèxe,
caracterisée par l’absinthe et l’omosexualité.
Prologue
A la gare de Roche, Rimbaud attend le train pour
Paris qui approche au loin. Au moment où celui-ci entre en gare, Rimbaud manque
de tomber sur les rails et se faire écraser par la locomotive. Le train
s'arrête, Rimbaud y monte, paraît à la vitre d'un compartiment, croquant une
pomme qu'il jette. Le train redémarre. Pendant que les wagons, filmés de loin,
évoluent sur une sorte de viaduc, on entend la voix off de Verlaine citant un
extrait de la "Vierge Folle",
dans "Une saison en enfer" :
"Parfois il parle, en une façon de patois
attendri, de la mort qui fait repentir, des malheureux qui existent
certainement, des travaux pénibles, des départs qui déchirent les coeurs. Dans
les bouges où nous nous enivrions, il pleurait en considérant ceux qui nous
entouraient, bétail de la misère. Il relevait les ivrognes dans les rues
noires. Il avait la pitié d'une mère méchante pour les petits enfants. Il s'en
allait avec des gentillesses de petite fille au catéchisme. Il feignait d'être
éclairé sur tout, commerce, art, médecine."
A ce moment, le train s'arrête au-dessus d'une rivière.
Rimbaud ouvre la porte du compartiment, vide sa pipe contre le rebord de la
porte, et saute brusquement dans la rivière avec un cri menaçant. Soudain gros
plan sur les yeux de Verlaine qui finit le texte en voix off : "Je le
suivais, il le faut !".
Verlaine apparaît derrière la vitrine d'un café :
"Vins, café, bières et liqueurs". Il frappe à la vitrine avant
d'entrer : le barman lui fait un signe de bienvenue. Verlaine, très vieilli et
très barbu, entre. Le barman lui sert à boire et lui chuchote :
- Il ya une dame qui vous attend, Monsieur Verlaine.
Verlaine (jetant un coup d'oeil au fond de la salle) :
- 'La connais.
Barman (lui tendant une carte de visite) : - Elle a
donné sa carte.
Verlaine lit la carte : "Isabelle Rimbaud".
Il s'approche d'elle. Elle porte le deuil et se lève à l'arrivée de Verlaine
près de sa table.
Verlaine : - Je vous en prie. Je vous en prie,
asseyez-vous. Est-ce qu'André s'est occupé de vous ? Puis-je vous offrir
quelque chose à boire ?
Isabelle Rimbaud : - Non merci.
Verlaine (d'un geste lui priant de se rassoir) : - S'il
vous plaît.
Ils s'assoient. André, le barman, sert de l'absinthe à
Verlaine.
Isabelle Rimbaud : - En fait c'est pour parler affaires
que je viens vous voir Monsieur Verlaine. (Elle ouvre sa malle et en sort un
livre.) Ce livre a été publié il y a quelques mois. Cette édition des poèmes de
mon frère est parue sans aucune autorisation. Ma mère et moi tenons absolument
à empêcher que cela puisse se reproduire. Nous avons pensé que vous pouviez
nous y aider.
Verlaine (buvant son verre) : - Moi ? Comment ?
Isabelle Rimbaud : - Je sais que vous avez gardé un
grand nombre de manuscrits de mon frère.
Verlaine : - J'en ai quelques uns, c'est vrai.
Isabelle Rimbaud : - Eh bien ma mère et moi vous
serions très reconnaissantes de bien vouloir nous les rendre.
Verlaine : - J'ai toujours essayé d'user de la plus
grande discrétion dans tout ce qui a attrait à votre frère. Je crois pouvoir
dire que j'ai toujours défendu ses intérêts. Parfois je me demande pourquoi car
bien souvent ils ont été diamétralement opposés aux miens.
Isabelle Rimbaud : - Je ne vois pas en quoi.
Verlaine : - Il s'est écoulé bien des années avant que
l'on comprenne l'oeuvre de votre frère. Mais dès que son nom a commencé à être
connu, il est devenu évident que nos jours étaient comptés. La musique de nos
vers démodés n'évoquaient plus rien. Il nous a tous balayés. Non que je le
déplore, comprenez moi bien. Je sais qu'autrefois, j'ai été un bon poète.
Isabelle Rimbaud (après un silence) : - Je ne savais
pas que son nom était si célèbre.
Verlaine : - Oui, la jeunesse le comprend aujourd'hui.
Il est la voix du futur. L'essentiel pour moi, c'est que c'est ensemble que
nous avons écrit nos plus beaux poèmes... Tous les deux...