ARTHUR RIMBAUD (1854-1891) :
UNE PETITE BIOGRAPHIE
1854-1868 - Rimbaud est né le 20 octobre 1854 à
Charleville-Mézières, une petite ville des Ardennes, de l'Est de la France,
tout près de la Belgique. Son père, Frédéric Rimbaud, est capitaine d'infanterie,
il a épousé en 1853 Vitalie Cuif, fille de paysans ardennais.Le père quitte
très vite le foyer familial. Il laisse Vitalie seule avec cinq enfants :
Frédéric, né un an avant Arthur, Vitalie (née en 1858), Isabelle (née
en 1860) et une autre fille née en 1857 qui meurt en bas-age. Dès l'age de huit
ans, Rimbaud fréquente l'Institut privé Rossat, à Charleville. En 1865, il
entre au collège.C'est sur les bancs du collège qu'il rencontre Ernest
Delahaye. Né un an avant Rimbaud, Delahaye noue avec le jeune Arthur des liens
d'amitié qui se prolongeront toute sa vie. Certaines des lettres échangées
entre les deux hommes ont été conservées et sont importantes pour retracer la
vie du jeune poète, mais aussi pour comprendre son rapport à la création littéraire.Au
collège, Arthur se révèle vite être un « fort en thème » remarqué et encouragé
par ses professeurs. 1869 - Rimbaud a quinze ans.
Toujours collégien, c'est un excellent latiniste : « Jugurtha », publié avec
trois autres de ses compositions latines dans « Le moniteur de l'enseignement
secondaire » lui vaut le premier prix du Concours Académique.C'est de cette
année que datent ses premiers vers en français : « Les étrennes des orphelins », publiés un an plus tard. 1870 - Entré en classe de rhétorique, Rimbaud rencontre Georges Izambard. Cet enseignant lui fait lire
Victor Hugo, Théodore de Banville, Rabelais et lui ouvre sa bibliothèque.La
mère de Rimbaud n'apprécie pas l'amitié entre le jeune garçon et le professeur
: elle ne correspond pas à l'éducation stricte qu'elle entend donner à ses
enfants.Izambard jouera un rôle important pour Rimbaud ; il conserve notamment
ses premiers textes (voir par exemple Un coeur sous une soutane). Le 24 mai, Rimbaud envoie à Banville
trois poèmes, espérant leur publication dans la revue du « Parnasse contemporain »: Sensation, Ophélie, et Credo in unam ... (intitulé plus tard « Soleil et Chair »).Ces vers ne seront pas publiés
mais une revue, « La Charge », lui ouvre deux mois plus tard ses pages pour «
Trois Baisers » (connu sous le titre « Première Soirée »).À la fin du mois d'août, Rimbaud
quitte brusquement Charleville pour gagner Paris. Le 19 juillet, la France est
entrée en guerre contre la Prusse : Rimbaud
espère sans doute assister à
la chute de l'empereur, affaibli par la bataille de Sarrebrück. Il est arrêté
dès son arrivée dans la capitale. Il appelle Izambard à l'aide. Le professeur
parvient à gagner Paris, fait libérer le jeune homme et le reconduit à
Charleville à la fin du mois de septembre. En octobre Rimbaud fugue une nouvelle
fois. Il part pour Bruxelles, puis Douai où il débarque dans la famille de
Georges Izambard. Il y recopie plusieurs de ses poèmes. Ce recueil que Rimbaud
confiera au poète Paul Demeny, ami d'Izambard, est connu
sous le nom de « Cahier de Douai ». 1871
- En février, Rimbaud part pour Paris, il rentre à pied à Charleville début
mars.En mai, il est encore à Charleville, d'où il écrit à Georges Izambard et Paul Demeny les deux « lettres du
Voyant ».Suit une période dont on sait peu de choses. Rimbaud
participe probablement aux événements de la Commune de Paris pour laquelle il
semble s'être passionné.C'est sans doute à ce moment qu'il compose « Les déserts de l'amour », où mûrit déjà ce qui
fera le corps de la « Saison en enfer ». Cette année-là, Rimbaud rencontre Auguste
Bretagne. Cet employé aux contributions indirectes de Charleville a connu Paul
Verlaine à Arras. Bretagne, passionné de poésie, féru d'occultisme et buveur
d'absinthe encourage le jeune poète à écrire à Verlaine. Rimbaud, aidé de
Delahaye qui joue les copistes, envoie quelques poèmes.Verlaine s'enthousiasme
pour ces textes qu'il diffuse dans son cercle d'amis. Il prie Rimbaud de le
rejoindre à Paris. À la fin du mois de septembre, Rimbaud débarque dans la
capitale. C'est sans doute juste avant ce voyage qu'il compose le « Bateau ivre ».À Paris, Rimbaud loge d'abord chez
les parents de Mathilde, la femme de Verlaine, mais il se rend indésirable, et
est bientôt contraint à se réfugier chez des amis de Paul (Charles Cros, Forain
et Banville). Rimbaud participe avec Verlaine aux dîners des « Vilains
Bonshommes » et aux réunions du « Cercle Zutique » au cours desquelles la
joyeuse bande compose des pastiches dont certains sont consignés dans un
cahier, désigné par les éditeurs de Rimbaud sous le nom « d'Album Zutique » (voir notamment le
fameux « Sonnet du trou du cul » ou encore « Les remembrances du vieillard
idiot »
et « Aux livres de chevet... »). 1872
- Les deux poètes hantent les cafés du Quartier Latin. Ils mènent une vie
dissolue, de provocation en beuverie. Mathilde Verlaine, excédée, quitte Paris
pour Périgueux avec son fils.Verlaine, troublé par ce départ, écrit à sa femme
une lettre suppliante. Mathilde lui fait savoir qu'elle n'acceptera de rentrer
que si Rimbaud est renvoyé. En mars, Rimbaud regagne les Ardennes. Mais
Verlaine parvient à le faire revenir à Paris en mai. Il ne loge plus chez les
Verlaine, mais dans une chambre rue
Monsieur-le-Prince, puis à l'hôtel de Cluny.
Le 7 juillet, Rimbaud et
Verlaine partent pour la Belgique. Mathilde découvre alors à Paris les lettres
que Rimbaud a adressées à son mari de février à mai. Elle part aussitôt pour
Bruxelles pour tenter de récupérer Paul.Verlaine accepte dans un premier
mouvement de rentrer à Paris mais s'esquive au dernier moment.Début septembre,
Rimbaud et Verlaine sont en Angleterre. Leur misère est grande et Verlaine est
préoccupé par le procès en séparation de corps que Mathilde vient de lui
intenter.Les deux poètes se séparent, Rimbaud retrouvant les Ardennes à la fin
du mois de décembre. 1873 - A la mi-janvier, Rimbaud
reçoit une lettre de Verlaine qui se dit malade et mourant de désespoir à
Londres. La mère de Paul, toujours prompte à tout faire pour son fils, se rend
à son chevet; elle offre à Rimbaud l'argent du voyage. En avril, Verlaine et
Rimbaud passent d'Angleterre en Belgique. Peu après, Rimbaud rentre à la ferme
familiale de Roche. Il commence à rédiger « Une saison en enfer » (évoquée dans une lettre adressée en mai à
Ernest Delahaye). Rimbaud s'ennuie à Roche, il y rencontre de temps en temps Delahaye et
Verlaine à Bouillon, à la frontière franco-belge. C'est là que Verlaine
entraîne à nouveau Rimbaud vers l'Angleterre, à la fin du mois de mai.Les deux
hommes se querellent et Paul prend au début du mois de juillet l'initiative
d'une rupture.Il laisse Rimbaud sans un sou à
Londres et gagne la Belgique, espérant renouer avec sa femme.L'échec de cette
tentative de réconciliation le conduit à rappeler Rimbaud auprès de lui à
Bruxelles, mais les deux hommes se querellent encore. Verlaine tire deux coups
de feu sur son ami qu'il blesse au poignet. Rimbaud est conduit par Verlaine et
sa mère à l'hôpital Saint-Jean où il est soigné. Mme Verlaine persuade son fils
de laisser partir Rimbaud mais, sur le trajet qui mène le trio à la gare du
Midi, Verlaine porte la main à la poche où se trouve son revolver. Rimbaud
s'affole et trouve la protection d'un agent de police. Arthur ne souhaite pas
porter plainte, mais l'affaire est aux mains de la justice belge et Verlaine
écope de deux ans de prison. Rimbaud n'est que légèrement blessé : il sort de
l'hôpital le 20 juillet. Rimbaud passe l'hiver dans la ferme familiale de
Roche. 1874 - En mars, Rimbaud se trouve à Londres en
compagnie de Germain Nouveau, un ancien du cercle zutique qui l'aide à copier
des poèmes des « Illuminations », mais ce dernier décide
bientôt de rentrer à Paris; Rimbaud se retrouve seul et désemparé. Il donne des
leçons de français puis se résigne à retourner dans les Ardennes. 1875
- Rimbaud part pour l'Allemagne. Il est embauché comme précepteur à Stuttgart. Verlaine vient de sortir de
prison, il est revenu aux pratiques catholiques et décide de se rendre à
Stuttgart. Il voudrait renouer avec Rimbaud, mais aussi « sauver son
âme ». L'attitude de Verlaine irrite fortement Arthur qui le renvoie après
deux jours seulement.
En mai, Rimbaud quitte
l'Allemagne pour la Suisse et entre en Italie à pied. Lorsqu'il arrive à Milan,
il est malade et doit s'arrêter. Rimbaud reprend en juin sa route vers le sud
peut-être pour embarquer vers l'Afrique. Terrassé par une insolation sur la
route de Livourne à Sienne, il est rapatrié à Marseille par le consulat
français.
Il rêve de s'enrôler dans l'armée carliste, mais ne donne pas suite à son
projet et remonte à Paris en juillet. Il retrouve Charleville en Octobre. De ce
passage dans les Ardennes, on a conservé la dernière « manifestation poétique »
de Rimbaud : Rêve, un texte inclus dans une lettre à Ernest Delahaye.1876 - Rimbaud part à
Vienne. Il se fait détrousser par des brigands puis expulser d'Autriche, repart
pour la Hollande et signe, le 19 mai, à Harderwijk un engagement de six ans
dans l'armée coloniale hollandaise. Mercenaire étranger, il doit rétablir
l'ordre à Java. Il s'embarque le 10 juin et arrive à Batavia (aujourd'hui
Djakarta) le 19 juillet. Au bout de quelques semaines, Rimbaud déserte et
regagne l'Europe sur un voilier écossais. Il est à Charleville à la fin du mois
de décembre. 1877 - Au printemps, Rimbaud part pour
Brême, où il semble avoir envisagé de s'engager dans la marine américaine, puis à Hambourg, parcourt la
Suède et le Danemark avec un cirque ambulant.
Il revient quelque temps à Charleville puis tente une autre évasion. On le
trouve à Marseille, d'où il s'embarque en septembre pour Alexandrie. Malade à bord,
il est débarqué à Civita-Vecchia, visite Rome, et passe l'hiver dans les
Ardennes. 1878 - Au printemps, Rimbaud éprouve une
nouvelle fois le besoin de fuir. Se rend-il à Hambourg dans le but de gagner
l'Orient ? Fait-il le tour de la Suisse ? On l'ignore. Il se replie sur Roche
où il passe l'été, repart fin octobre, traverse les Vosges, la Suisse et le
Saint-Gothard à pied. A Lugano, il prend le train pour Gênes, d'où il
s'embarque pour Alexandrie.Il semble chercher activement du travail en Égypte, allant
même jusqu'à demander à sa mère dans une lettre écrite en décembre de certifier qu'il est
en règle avec l'armée, et bon travailleur. Il gagne à la fin de l'année l'Île
de Chypre où il a trouvé un emploi de chef de chantier au service d'une
maison française. 1879 - En juin, Rimbaud, épuisé par une fièvre
typhoïde, doit regagner précipitamment la France.Il revient à Roche où il se
soigne et travaille à la ferme. A Delahaye qui lui rend visite, Rimbaud dit son
détachement de la littérature : « Je ne pense plus à ça ». 1880 - Rimbaud regagne Chypre au printemps. Il est embauché
dans une entreprise chargée d'édifier un palais destiné au gouverneur
britannique. Mais Rimbaud démissionne de son poste et quitte l'île en juillet,
s'embarque pour l'Egypte et gagne Aden en août. Il trouve un emploi à la
maison Viannay, Mazeran, Bardey et Cie, spécialisée dans le commerce des peaux
et du café. Bardey vient d'ouvrir une succursale à Harar : Rimbaud accepte de
s'en charger et arrive le 13 décembre à Harar après avoir traversé à cheval
le désert somali. 1881 - Rimbaud est acheteur pour la
maison Bardey. Après une période d'enthousiasme, il commence à s'ennuyer, se
plaint du climat, se heurte à la jalousie des négociants.Il charge sa mère de
lui faire parvenir des ouvrages techniques, des instruments, un appareil photographique.
Il rêve d'explorations.En juin-juillet, expédition à Bubassa, qui le fatigue et
le rend malade. Rimbaud se lasse de Harar, s'exaspère des retards du courrier,
a des ennuis avec ses patrons. Il quitte la ville pour Aden en décembre. 1882 - Rimbaud travaille à Aden pour la maison Bardey. Il
s'occupe toujours de science et d'exploration, et commande du matériel de
photographie, activité dont il espère tirer quelque profit. 1883
- Rimbaud repart d'Aden pour Harar où Bardey le charge d'entreprendre des
explorations dans le Somali et le pays Galla. Rimbaud décide alors de
reconnaître l'Ogadine qui est encore mal connu.
Il y pénètre en août et rédige
peu après un rapport d'ensemble sur la région. Cette étude sera publiée l'année
suivante dans le bulletin de la Société de Géographie (c'est le « Rapport sur l'Ogadine »).La fortune tarde à
venir : Rimbaud se voit découvreur, explorateur, bâtisseur... Il continue à
commander dans ses lettres à sa famille (et surtout à sa mère) des
manuels et du matériel technique tout en donnant des instructions sur le
placement de ses économies.Le poète devenu commerçant sans succès semble, tout en se plaignant de sa
situation à ses employeurs, se plaire à imaginer une vie de rentier, il pense même à se marier ! 1884 - La maison Bardey, en difficulté, liquide. Rimbaud reprend en avril
la route d'Aden où il demeure au chômage, désespéré de voir s'amenuiser ses
économies.Par chance, Bardey, qui a réussi à monter une nouvelle affaire,
engage Rimbaud pour six mois, jusqu'à la fin de l'année. 1885 - Rimbaud
signe en janvier un nouveau contrat d'un an avec Bardey.Lorsque, en octobre, il
entend parler d'une affaire d'importation d'armes dans le Choa, il dénonce son
contrat et s'engage dans l'aventure. Il s'agit de revendre cinq fois plus cher
à Ménélik, roi du Choa, des fusils d'un modèle devenu obsolète en Europe,
achetés à Liège.
Parti en novembre pour Tadjourah prendre livraison des fusils et organiser une
caravane qui les acheminera jusqu'au roi, Rimbaud est bloqué plusieurs mois par
une grève des chameliers. 1886 - En avril, la caravane est enfin prête à
partir quand Rimbaud apprend l'ordre transmis par le gouverneur d'Obock : à la
suite d'accords franco-anglais, toute importation d'armes est interdite dans le
Choa. Rimbaud cache son stock dans le sable afin d'éviter une saisie. Il se
plaint auprès du Ministère des affaires étrangères français, fait diverses
démarches.Apprenant en juin qu'une expédition scientifique italienne est
autorisée à pénétrer dans le pays, il s'arrange pour se joindre à elle.Malgré
l'abandon de Labatut, principal instigateur de l'affaire et la mort de
l'explorateur Soleillet, Rimbaud prend en septembre la tête de la périlleuse
expédition. Une chaleur de 70 degrés pèse sur la route qui mène à Ankober,
résidence de Ménélik. Rimbaud ignore que, pendant ce temps, La Vogue publie en
France des vers de lui et une grande partie des Illuminations. 1887
- Rimbaud arrive à Ankober le 6 février, mais le roi est absent. Il doit gagner
Antotto à 120 kilomètres de là. Le roi l'y reçoit, accepte les fusils mais fait
des difficultés au moment de payer; il entend déduire de la facture les sommes
que Labatut mort récemment d'un cancer lui devait, et invite Rimbaud à se faire
régler le reste par Makonen, le nouveau gouverneur de Harar. Rimbaud fait donc
route vers Harar, avec l'explorateur Jules Borelli. Il parvient à se faire
payer par Makonen, mais il n'a rien gagné sinon, comme il l'écrit au
vice-consul de France à Aden le 30 juillet, « vingt et un mois de fatigues
atroces ». À la fin du mois de juillet, il part au Caire pour se reposer ;
Rimbaud est épuisé, vieilli, malade.
« J'ai les cheveux absolument gris. Je me figure que mon existence
périclite », écrit-il à sa famille dans une lettre du 23 août. Dans une lettre au directeur
d'un journal local, le « Bosphore égyptien », il raconte son voyage en Abyssinie et au Harar.Les lettres envoyées à sa famille à la fin de cette année témoignent
de ce découragement.Rimbaud se plaint de rhumatismes et son genou gauche le
fait souffrir. Il a pourtant assez de courage pour faire paraître dans le
journal Le Bosphore égyptien une étude traitant de l'intérêt économique du
Choa. Ce travail sera transmis à la Société de Géographie.
Rimbaud songe un moment à se rendre à Zanzibar, puis à Beyrouth, mais un
procès, lié à l'affaire Ménélik, le rappelle en octobre à Aden où il tente sans
succès de faire du commerce. 1888-1890
- Rimbaud est à Aden au début de l'année 1888.En mars, il accepte de convoyer
une cargaison de fusils vers Harar, mais renonce à une seconde expédition. Peu
de temps après, il fait la connaissance d'un important commerçant d'Aden, César
Tian, qui lui offre un poste de représentation à Harar.Rimbaud accepte,
d'autant plus qu'il pourra en même temps travailler à son compte.Pendant trois
ans, Rimbaud importe, exporte, mène ses caravanes à la côte. Pourtant, il s'ennuie beaucoup et n'a pour relations que la
petite poignée d'Européens fixés ou de passage dans le pays. Il entretient avec
eux une importante correspondance. 1891 - Rimbaud est
atteint d'une tumeur cancéreuse au genou droit, aggravée par une ancienne
syphilis. Le 15 mars, il ne peut plus se lever et se fait transporter à Zeilah
sur une civière. Il s'embarque pour Aden : « Je suis devenu un squelette :
je fais peur », écrit-il à sa mère le 30 avril.Le 9 mai, il se fait
rapatrier et arrive le 22 mai à Marseille où il entre à l'hôpital de la
Conception. L'amputation immédiate de la jambe s'avère nécessaire. La mère de
Rimbaud accourt à Marseille le 23 mai.
Le 25, l'opération a lieu.
Rimbaud est désespéré. « Notre vie est une misère, une misère sans fin.
Pourquoi donc existons-nous ? », écrit-il à sa soeur Isabelle le 23 juin. A la fin du mois de juillet,
Rimbaud, en a assez de l'hôpital. Il retourne à Roche où sa
soeur Isabelle le soigne avec dévouement. Mais la maladie progresse et l'incite
a revenir à Marseille où il compte sur les bienfaits du soleil et aussi sur la
possibilité d'un retour en Afrique où ses amis l'appellent.Il arrive à
Marseille à la fin août, en compagnie d'Isabelle qui l'assistera jusqu'à sa
mort. Rimbaud doit aussitôt retourner à l'hôpital de la Conception. Son état
empire, il se désespère. Après une courte période de rémission, Rimbaud connaît
plusieurs semaines d'atroces souffrances. Sa soeur parvient à lui faire
accepter la visite d'un aumônier qui conclura bien légèrement à la foi du
moribond. La veille de sa mort, il dicte, en proie au délire, une lettre adressée au directeur des
Messageries Maritimes : « Je suis complètement paralysé, donc je désire
me trouver de bonne heure à bord, dites-moi à quelle heure je dois être
transporté à bord.» Rimbaud meurt le 10 novembre. Il est âgé de trente-sept
ans. Il sera enterré le 14 au cimetière de Charleville.